Un projet à vau-l'eau

Le résultat de cette curieuse manière de procéder fera que sept ans après le lancement de la réflexion sur les aménagements à Cornavin et quatre ans après l'obtention d'un consensus, un nouveau projet, non-abouti, est présenté, qui ne tient plus compte du PDQ :
- la galerie couverte a disparu,
- les émergences de la gare souterraine, initialement prévues intégrées à cette galerie, sont isolées et éloignées du bâtiment, cassant l'idée même de l'unité de celui-ci,
- la piste cyclable en site propre côté Montbrillant, exigée par le Conseil Municipal, n'existe pas,
- la perméabilité de la gare est fortement compromise (à l'image notamment du projet de passage longitudinal de la HEAD que les CFF ont abandonné),
- le plan de reconstruction pour le bas des Grottes ne correspond en rien à l'image définie par le PDQ (gabarits et positionnement des immeubles, espaces publics).

casse.jpgOutre ces libertés prises avec le PDQ, il est à remarquer que de nombreux problèmes subsistent :

Place Cornavin :
- véritable îlot de chaleur (la proposition d'utiliser le couvert comme brumisateur nous laisse perplexes),
- sans sortie piétonne de la galerie souterraine, - sans sortie de parking côté sud,
- fortement encombrée côté nord par les rampes d'accès et les transports publics,
- dépose-minutes prévues en souterrain et uniquement côté place Cornavin ; on peut légitimement supposer qu'elles se feront effectivement sur les trottoirs ou pistes cyclables des rues adjacentes comme cela se pratique déjà.

Place de Montbrillant :
- pas de piste cyclable dans un lieu qui sera bien encombré.

Rue et future place des Gares :
- l'accès piéton direct au passage des Alpes vers les Pâquis est coupé, passage quasiment obligé par l'intérieur de la gare avec détour pendant les heures de fermeture, - problèmes évidents pour les personnes à mobilité réduite et les poussettes,
- entrée de la vélo-station nord en concurrence avec les livraisons au bâtiment de service des CFF,
- le projet d'organiser la totalité des livraisons du bâtiment de la gare par cette rue est irréaliste.

Îlots 5/7 des Grottes :
- les constructions actuellement proposées dans le nouveau plan ne correspondent qu'à un volume de droits à bâtir, sans considération du patrimoine urbain, de l'historique du quartier ni de son évolution récente ; la réflexion à propos de l'implantation des immeubles, du maintien des tracés des rues, de la dimension des espaces publics et de leur potentielle appropriation par les habitants et commerçants est abandonnée au profit d'une simple rentabilité de construction, qui reste à prouver.

Îlot 6 des Grottes :
- les démolitions d'immeubles d'habitation envisagées dans l'îlot 6 ne se justifient aucunement et sont en contradiction flagrante avec les engagements pris.

Bâtiment de la Gare :
- il devient un obstacle à la circulation piétonne, contrairement à la volonté affichée par tous les protagonistes jusqu'en 2020, d'en améliorer la perméabilité et de séparer au mieux les flux des voyageurs de ceux des passants ; cet état provient clairement de la vision unilatérale de la gare souterraine, qui ne tient pas compte des contraintes urbaines de l'extérieur de la gare,
- l'habillage de la façade Montbrillant, sorte de casquette entre cosmétique et symbolique, n'a plus aucune fonction réellement significative, elle a en outre totalement perdu son côté emblématique; cela renforce le sentiment de dissociation entre une façade “noble“ d'un côté et une façade “négligeable“ de l'autre.

Circulations :
Autos
- problème des dépose-minutes et des taxis côté Cornavin, aucune solution côté Montbrillant,
- aucun accès à la gare du côté sud de celle-ci,
- accès à l'hôtel Cornavin inexistant.

Vélos
- accès malaisés aux vélostations par les rues des Gares et Malatrex par des pentes raides ainsi que par des ascenseurs inefficaces,
- réalité des usages non pris en compte (Cornavin comme lieu de passage et non comme destination pour de nombreux cyclistes),

Piétons
- sorties de la gare, en particulier de sa partie souterraine, entravée côté sud (accès à la rue Chantepoulet, etc..),
- détours sur le parcours des rues de Montbrillant et des Gares vers les Pâquis,
- circulation piétonne à l'intérieur de la gare péjorée,
- accès et sortie de l'émergence rue des Gares loin des transports publics,
- sortie étriquée du nord de la gare sur l'angle passage des Alpes/rue de Lausanne.

Chantiers
- il semble que rien n'est prévu en matière de parkings pour maintenir l'accès et le stationnement des très nombreux 2 roues à la gare pendant la durée des chantiers.

Quai 9 :
La question de la relocalisation nécessaire de Quai 9 pendant et après les travaux n'a à notre connaissance, toujours pas trouvé de réponse. Malgré le soutien évident du quartier à cette institution qui a fait ses preuves dans la pacification de la scène de la drogue, il est à craindre qu'une solution boiteuse survenant au dernier moment ne laisse pas de temps à l'information et à la concertation nécessaires pour une réalisation sereine de ce déplacement.

Cette énumération, non exhaustive des problèmes, montre que d’une manière générale, les cheminements, les accès et les habitudes des riverains et et usagers ne sont guère pris en considération dans les nouvelles propositions d’agrandissement de la gare Cornavin et d’aménagement urbain.