Cornavin: victoire de l’intelligence collective

Le Courrier, Edito de Philippe Bach du jeudi 16 janvier 2014, http://www.lecourrier.ch/117773/cornavin_victoire_de_l_intelligence_collective

Quel retournement! Le Conseil d’Etat genevois a annoncé hier son soutien ferme et résolu à l’initiative du Collectif 500. Ce dernier s’était constitué en réaction au projet d’extension de la gare de Cornavin impliquant la démolition pure et simple du sud du quartier des Grottes.
Le collectif d’habitants avait refusé cette fatalité et lancé une initiative populaire cantonale pour proposer une alternative, une extension souterraine. Une option qui fait aujourd’hui consensus au niveau du Conseil d’Etat. Si le Grand Conseil le suit sur cette voie (et si les Suisses acceptent le fonds d’infrastructure FAIF le 9 février), il n’y aura même plus besoin de voter.
Que de chemin parcouru. Car, au départ, ce combat semblait bien être celui de quelques irréductibles habitants des Grottes luttant – mais sans potion magique – contre un envahisseur trop puissant. Pis! Ils ont été qualifiés
d’égoïstes, de «Neinsager» refusant une extension nécessaire au bien commun, ou de gauchistes nostalgiques. Lorsque le magistrat municipal Rémy Pagani s’est fait le relais de ce combat contre un Conseil d’Etat désireux de rester dans les bonnes grâces des CFF, il a quasiment été qualifié de fossoyeur des intérêts de Genève.
Tout cela est bien loin aujourd’hui et ces paroles excessives oubliées. Tant mieux. Reste qu’il est tout de même étonnant que le dossier des transports génère tant d’arrogance technocratique.
Lorsque le Collectif 500 a contesté le discours officiel de l’ex-régie publique fédérale, avec quelle morgue n’a-t-il pas été disqualifié par Andreas Meyer, le patron des CFF. Trop cher, irréalisable, irréaliste, «c’est comme ça et puis c’est tout».
Voire. Un groupe d’habitants s’est montré plus qualifié que le directeur des CFF. Il est vrai que ce dernier n’est finalement que juriste...
Ce travers se répète fâcheusement depuis des lustres sur le dossier de la mobilité. Ainsi, la liaison CEVA a elle aussi été imposée par une volonté citoyenne – l’obstination des militants d’Alp-Rail – contre la logique d’Etat qui se refusait à envisager et à étudier cette option, en usant d’arguments tout aussi superfétatoires.
A l’arrivée – si le dossier se dénoue effectivement de manière favorable –, on relève donc que la lutte paie. Et qu’à la logique d’expert, il est légitime et possible d’opposer une intelligence collective et citoyenne. Que de bonnes nouvelles pour la vie démocratique de la cité.

 

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