«Sans les 120 millions de la Ville, pas de gare en sous-sol»

Billet publié le 24 mai 2016

Source: Le Courrier

Mercredi 25 mai 2016

L’extension en sous-sol est soutenue par le Conseil municipal, mais le montage financier laisse perplexe.
JPDS

L’exécutif demande au délibératif un préfinancement de l’extension de Cornavin. Une somme que Berne paierait ensuite. Vraiment?

Cent vingt millions de francs. Voilà le crédit faramineux que le Conseil administratif de la Ville de Genève prie le délibératif d’ouvrir pour l’extension sous-terraine de la gare de Cornavin – il correspond presque aux investissements totaux de la municipalité en un an. Le Conseil d’Etat a pour sa part déjà déposé une demande similaire au Grand Conseil, sur un montant encore plus grand: 425 millions. La Confédération, elle, prendra à sa charge de manière ferme 1,1 milliard sur un total estimé à 1,67 milliard. La part confédérale provient de l’enveloppe du Financement et aménagement de l’infrastructure ferroviaire (FAIF).

Le conseiller administratif Rémy Pagani relativise la douloureuse puisque, selon lui, les parts municipale et cantonale consistent seulement en une avance. Pour Berne, c’est à Genève de financer les coûts supplémentaires liés à son option en sous-sol, explique-t-il. Or «cette différence s’est amenuisée car notre alternative évite de construire deux sauts-de-mouton (des voies ferrées sur pont permettant aux trains de se croiser, ndlr).» La Confédération devait encore envisager le financement de ces ouvrages, dont le seul qui a été estimé a été chiffré à 380 millions, selon le magistrat.

Il ajoute que l’Office fédéral des transports a promis de demander aux Chambres fédérales une demande de financement complémentaire incluant notamment l’argent qui ne sera pas dépensé pour ces sauts-de-mouton. Un vote n’interviendrait que d’ici à 2019, dans le cadre de la nouvelle tranche de financement des ouvrages ferroviaires (FAIF 2). «On nous demande une somme, qu’on ne dépensera pas, afin de garantir le préfinancement de travaux qui ne débuteront qu’en 2027. Je conçois que c’est un peu bizarre, mais c’est indispensable, car sinon l’extension en sous-sol ne se fera pas.» Il serait impossible d’aller de l’avant avec les études et de respecter le calendrier (inauguration prévue en 2031), car Berne entend d’abord boucler les crédits de réalisation.

Des élus perplexes

L’extension en sous-sol est soutenue par le Conseil municipal, mais le montage financier laisse perplexe. Les socialistes poseront de nombreuses questions en commission, où la demande de crédit devrait être renvoyée ce mardi ou ce mercredi. «Quelles garanties avons-nous qu’un complément sera voté à Berne et que se passera-t-il si ce n’est pas le cas?, expose la conseillère municipale Virginie Studemann. Et si le canton ne vote pas sa part? La Ville peut-elle garantir une telle somme au vu des ses nombreux et importants investissements? Pourquoi, pour de tels projets extraordinaires, une participation de toutes les communes n’est-elle pas envisagée?»

Tout à droite, l’UDC Eric Bertinat n’apprécie pas une demande de crédit en forme de «chantage». Il s’assurera aussi qu’il ne votera pas un «chèque en blanc».
«Les Chambres voteront de toute façon quelque chose», assure M. Pagani. Quant au Grand Conseil, le crédit de la Ville est conditionné à son vote positif. En outre, «il devrait se prononcer avant le Conseil municipal».

Par ailleurs, les élus de la Ville devraient accepter lors de cette session de débloquer un crédit de 900000 francs afin de poursuivre les études liées au réaménagement du secteur autour de la gare. La perspective du doublement du nombre de passagers oblige à tout repenser de la place des Grottes à la place Dorcière.

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