2022.08.11 Le Courrier Tensions vives autour du projet de gare
Et la manchette!
Tensions vives autour du projet de gare
Source de l'article: Le Courrier, 11 août 2022, https://lecourrier.ch/2022/08/10/tensions-vives-autour-du-projet-de-gare/
Après plus de dix ans de concertations autour du projet d’extension de Cornavin, le Collectif 500, qui représente les riverain·es des Grottes, est descendu du wagon en marche. Hier, les membres du comité ont annoncé qu’ils se désolidarisaient du projet d’aménagement, déplorant «une confiance rompue» avec la Ville, comme le souligne Morten Gisselbaek, membre du comité. Pour cet architecte et ancien conseiller municipal du Parti du Travail, «le projet ne correspond plus du tout à ce qui avait été convenu, et la situation semble aller de mal en pis». D’emblée, un bref rappel historique s’impose.
Créé en 2011, le Collectif 500 est né d’une opposition à la démolition du sud des Grottes prévue par le projet d’extension de la gare. Après plusieurs années de batailles politiques – dont une initiative populaire – le collectif a fait pencher la balance en faveur d’une version souterraine du projet d’agrandissement.
A la suite de cela, un bureau d’étude a été désigné en 2016 pour élaborer un Plan directeur de quartier (PDQ). Celui-ci exprimait les intentions d’aménagements de la Ville pour les alentours de la gare. En 2020, le PDQ a été adopté par les législatifs municipaux et cantonaux, et plébiscité par les habitant·es des Grottes. «Selon les différentes lois sur l’aménagement, il s’agissait d’un document contraignant pour les collectivités publiques», rappelle Morten Gisselbaek.
Gouvernance morcelée
Mais à la surprise du collectif, le projet global est scindé en plusieurs parties l’année suivante. La place Cornavin fait l’objet d’un appel d’offre, et le côté Montbrillant d’un nouveau concours.
A l’issue de ce dernier, la Ville confie à un nouveau bureau le suivi du dossier concernant la partie arrière du bâtiment. «Le Service de l’aménagement a justifié cette manœuvre par un manque de moyens pour financer le mandat de supervision de l’ensemble du processus», rend compte Christophe Brandner, membre du comité du Collectif 500.
Contacté, le service en question soutient, par l’intermédiaire de sa porte-parole Catherine Armand, que le choix de faire appel à ce nouveau bureau s’est fait «avant tout dans un souci de justesse par rapport au marché public». Mais la pilule ne passe pas pour l’association de riverain·es, qui estime que «cette démarche a depuis eu pour effet de priver l’ensemble du projet d’une conduite globale et cohérente», comme le regrette Etienne Francey.
Projet de base altéré
La déception est d’autant plus grande que le nouveau projet sélectionné pour l’arrière de la gare ne tient pas compte, selon les membres du comité, du PDQ initial. L’association dénonce notamment l’absence de la galerie couverte et de la piste cyclable en site propre prévues initialement. «Au-delà des éventuelles contraintes techniques ou des appréciations personnelles, le projet a perdu ses qualités unanimement reconnues au départ», déplore Morten Gisselbaek.
A ce stade, il n’exclut pas que le collectif dépose des recours, mais estime qu’«il n’est pas trop tard pour renouer le dialogue».
La maire «déçue»
Réagissant à la position du collectif, Catherine Armand déclare que la magistrate en charge du dossier, Frédérique Perler, «est étonnée et déçue de voir qu’après tant d’efforts et de rencontres, l’association ressort avec des griefs». Elle rappelle que «le projet sous sa forme actuelle est évolutif», et qu’il devra nécessairement s’adapter aux travaux réalisés en premier lieu par les CFF dans le bâtiment de la gare. Elle insiste également sur le fait que le projet issu du concours est conforme au PDQ, information que confirme par ailleurs Philippe Viala, directeur des projets d’espaces publics à l’Office cantonal de l’urbanisme.