Ça craint à Cornavin !
Agrandissement de la gare : évolution du projet d'aménagement du périmètre de la place Montbrillant, où va la Ville ???

I   HISTORIQUE SOMMAIRE

Où les CFF ont un projet et ce qui s'en suit  

C'est en 2008 que les CFF bloquent les projets de la Ville sur l'îlot 5-7 des Grottes dans la perspective des travaux d'agrandissement de la gare Cornavin, rendant ainsi publiques pour la première fois leurs intentions à ce sujet.

En 2009, les habitant.e.s s'inquiètent et envoient une pétition au Canton et à la Ville demandant à être pleinement informé.e.s de l'évolution du projet.

En 2011, après avoir découvert de manière totalement fortuite le projet des CFF de raser tout le bas des Grottes, une partie de Malatrex et la moitié de l'îlot 13, les habitant.e.s, artisan.e.s, commerçant.e.s  et sympathisant.e.s du quartier se réunissent et créent le Collectif 500.
Celui-ci lance une pétition d’opposition au projet CFF signée par plus de 7'600 personnes. Lors de la 1ère réunion chez la Conseillère d'Etat Mme Künzler celle-ci déclare qu’aucune autre solution que l’extension de Cornavin sur les Grottes n’est possible et qu’elle soutient le projet CFF.

En avril 2012 le Collectif remet officiellement aux CFF son projet pour une variante souterraine mise au point par M. Martin Graf, expert connu et reconnu.
Les CFF acceptent de l’étudier et proposent un moratoire jusqu’à ce que la variante soit expertisée.
D’après le rapport de cette expertise, la variante souterraine est considérée comme réalisable et proposant des améliorations ferroviaires mais beaucoup trop chère.
Le Collectif 500 récuse la partie financière de l’analyse et demande le recours à des experts indépendants.

Le 1er Mai les CFF publient un communiqué de presse déclarant que seule l’extension sur les Grottes est possible et que bien qu’elle entraîne la destruction des 385 logements, ils ne croient pas à la solution souterraine.
Ceci prétendument en raison de son coût et de son délai de réalisation.
Les habitant.e.s de Genève prennent enfin connaissance de l’ampleur du projet des CFF, conduit par son secteur CFF immobilier.

Le 9 mai le parti des Vert.e.s annonce qu’il défend l’agrandissement à Cornavin, et soutient la variante souterraine.

Sous la pression de la Ville et du Collectif 500 une expertise indépendante est lancée en décembre, soutenue par le canton, l'OFT et les CFF.

2013 voit le lancement de l'initiative cantonale pour la construction d'une gare souterraine qui sera signée en moins de 2 mois par plus de 16'000 personnes.
Lancée sans soutien des partis politiques et associations, l'initiative aura fini par en fédérer une large partie.

L'expertise comparative sur les variantes d'extension de la gare finit par donner raison au projet souterrain et met tout le monde d'accord : le projet retenu sera souterrain si le canton et la ville participent financièrement.

En 2014 le Grand conseil adopte à la quasi unanimité l'initiative du Collectif 500 qui ne sera donc pas soumise au peuple.

II   L'AVENIR DU COLLECTIF 500 A T'IL ENCORE UN SENS ?

Le Collectif 500 étant arrivé techniquement à ses fins, et après réflexions et discussions nombreuses, décide de continuer sa tâche en se concentrant sur la question de la gestion du futur et pharaonique projet, de ses incidences inévitables sur le quartier, ses habitant.e.s et commerces, ainsi que sur les aménagements futurs autour de la gare incluant la question du réaménagement de l'îlot 5-7 (actuel parking en face de la gare).

Cette orientation est exposée aux habitant.e.s du quartier et autres sympathisant.e.s lors d'une assemblée publique à l'UOG.

La Ville, le Canton et les CFF parlent désormais du Collectif comme d'un partenaire.

III   LES AMENAGEMENTS DES ALENTOURS DE LA GARE

Le projet est sur les bons rails.

Pour ce qui est des aménagements périphériques, situés sur le territoire communal, soit les deux côtés - lac et Jura - de la gare, la ville organise un mandat d'étude parallèle (MEP) qui commence fin 2016 (phase sélective) et dure jusqu'en mars 2018 (finalisation de l'image directrice).

Le Collectif 500 est représenté dans le jury par un délégué qui suit tout le processus.
Il est d'entrée de jeu précisé que ce délégué n'engage pas le Collectif 500, mais y participe pour porter la sensibilité citoyenne dans les discussions.

Le projet du bureau lausannois Frei et Rezakhanlou associé à M. Consuegra est retenu et le jury décide à l'unanimité de recommander au maître d'ouvrage de leur confier le mandat pour la mise en oeuvre en précisant qu'il conviendra de :

"Mettre en valeur la force du concept de l'équipe lauréate ainsi que le soutien des trois acteurs principaux à ce concept pour fédérer tous les acteurs impliqués dans la requalification du pôle urbain de Cornavin." (rapport du jury, page 21)

La Ville mandate donc ce bureau qui va travailler d'arrache-pied du printemps 2018 jusqu'à l'été 2020 pour mettre au point l'image directrice et la méthodologie de la mise en oeuvre de l'ensemble.
Le projet lauréat traite d'une part la place Cornavin, d'autre part les possibilités d'étendre les circulations dans la gare, et enfin la place Montbrillant.

L'image de cette dernière est sans doute l'élément le plus fort de leur projet : une nouvelle façade allant d'un tenant de la rue de la Servette jusqu'à la "place des Gares", incluant toutes les entrées dans la construction, le tout formant une galerie ouverte mais couverte - permettant la circulation piétonne abritée - et une protection contre le bruit.
Le Canton, la Ville et les CFF s'engagent formellement à défendre ce projet-là.

Le Collectif 500 organise quant à lui une soirée publique à l'UOG pour présenter le projet et invite les mandataires et la Ville à venir participer à cette présentation.
Il communique également que le projet est à ses yeux bon et qu'il se propose, sauf important avis contraire des personnes présentes, à s'engager lui aussi à soutenir ce projet.
Mis à part des questions et quelques critiques à propos du manque d'arbres sur la place Cornavin, ce projet reçoit un bon accueil et est donc adopté par le Collectif 500 qui s'engage formellement à le défendre.

La situation est donc la suivante : tous les acteurs défendent le même projet, et le bureau d'architectes peut élaborer - comme prévu dans le règlement du MEP - le Plan Directeur de Quartier (PDQ).

Le rapport du jury du MEP est consultable sur :
https://espazium.s3.eu-central-1.amazonaws.com/files/2018-06/mep-cornavin-rapport-experts-ville-geneve.pdf

IV   LE PLAN DIRECTEUR DE QUARTIER (PDQ)

Mise en place de la cartographie du devenir.

Le programme du MEP ne précisait pas comment serait réalisé le projet lauréat, mais que le mandat des lauréats porterait d'une part sur l'élaboration du PDQ, et d'autre part sur :
"des prestations d'accompagnement du MO pour la conception, le développement stratégique et la réalisation des projets dans le périmètre d'intervention du MEP, afin d'en garantir la cohérence d'ensemble, la qualité générale ainsi que le maintien des objectifs principaux de l'image directrice proposée" (programme du MEP, document A, page 5)
et que
"la mise en oeuvre de l'image directrice par des démarches multiples sur les différents périmètres de projets identifiés sous la responsabilité des acteurs divers" (programme du MEP, document B, page 5)

Il n'est donc nulle part écrit que l'ensemble de la réalisation sera confié au bureau lauréat du MEP, mais il est précisé que les objectifs principaux doivent être réalisés de l'une ou l'autre manière.
A noter qu'il n'est pas non plus précisé qu'aucune partie de la réalisation ne peut lui être attribuée.

Le PDQ est mis en forme et arrive à passer les différentes étapes inhérentes à ce type de document en un temps record de 2 ans.
A cette occasion le Collectif 500 est consulté par les architectes lauréats du MEP à propos du Plan Localisé de Quartier (PLQ) de l'îlot 5-7 des Grottes, interface entre le quartier et la place, qui fait partie du périmètre étudié.

Il a été voté par le Conseil municipal le 25 novembre 2020 par 61 oui contre 5 non.

Pour rappel : un PDQ est un document contraignant pour les autorités publiques, est élaboré pour permettre de visualiser les projets importants des autorités et passe également par une phase dite de consultation publique qui est donc une phase d'information aux citoyen.ne.s qui peuvent faire part de remarques.

La situation est donc la suivante : le projet prend une forme suffisamment avancée et contraignante pour garantir un déroulement en bonne collaboration.

Le plan directeur de quartier (PDQ) est consultable sur :
https://vdgbox.ville-geneve.ch/index.php/s/HteHZDjjFsmyxHK#pdfviewer

V  LE CONCOURS QUI MET LE FEU AUX POUDRES

Attention !, le projet va vaciller.

Pour une raison qui nous échappe, la Ville organise en été 2020 un concours d'architecture dont le but est de "réinterroger" (?) le résultat du MEP, et donc le PDQ.
Il est annoncé au départ que les mandataires du MEP seront présents comme membres du jury, ce qui garantit qu'il s'agit bien d'affiner ce projet, et non pas de repartir pour un nouveau projet.
Ce qui peut se justifier en se donnant comme objectif "d'améliorer" l'élément principal du MEP côté Jura et par conséquent du PDQ, à savoir la galerie couverte faisant office d'acte fort pour donner une façade complète à ce côté de la gare et dont la longueur peut paraître importante (faut-il en végétaliser une partie, faut-il lui donner des rythmes variés, jouer sur les matériaux et les couleurs, etc...).
Cet élément  a la qualité principale de doter la gare d'une réelle identité et donc de ne plus avoir une gare avec un avant et un arrière, mais deux faces équivalentes en terme de qualité

Encore une fois le Collectif 500 délègue un de ses membres pour apporter l'éclairage "citoyen" au jury.

Non seulement et contrairement à ce qui a été annoncé il n'y a pas de représentant des premiers mandataires dans le jury, mais les membres du jury semblent en grande partie tout ignorer du PDQ et ne pas comprendre son importance.
Bizarrement d'ailleurs, tou.te.s les candidat.e.s  (7 bureaux sur les 9 qui participent au concours) ayant tenu compte du projet tel que proposé par le PDQ et ayant essayé de répondre à l'énoncé du concours en réinterprétant l'élément de galerie-façade n'auront pas été retenus.

Ce qui devait arriver arrive, le jury choisit comme lauréat, ainsi d'ailleurs que comme 2ème prix, des projets qui n'ont rien à voir avec le projet développé durant environ 4 ans.
La nouvelle proposition diffère totalement sur le traitement des entrées, sur la galerie, sur le concept même d'unité et d'identité de la gare.
Le tout est illustré par des images faisant plus penser à une place de village provençal qu'à un centre urbain prévu pour accueillir le passage de plus de 100'000 personnes par jour.
Prétendre, comme cela a été fait, qu'il s'agit d'une évolution du PDQ est d'une mauvaise foix déconcertante.

On est en droit de se demander ce qu'il en serait d'un point de vue légal en cas de recours.

Passons rapidement sur toutes les autres incohérences de ce projet, telles que la plantation de grands arbres sur une dalle en béton, la création d'un parc dans l'îlot 5-7, des entrées en forme de lampions géants illuminés la nuit placés devant des immeubles d'habitation, etc...

Quant au deuxième prix, il suffit d'aller se promener au coin où la rue des Gares débouche sur le passage des Alpes pour comprendre que ce projet est totalement inadapté.

Terminons sur ce concours par relever que fort peu d'équipes (9 !) ont présenté un projet, ce qui montre bien qu'il y a un problème dans l'organisation de ce concours que certain.e.s architectes ont dû pressentir (23 équipes avaient postulé pour participé au MEP).

La situation est donc la suivante : le projet sur lequel tous les partenaires  s'étaient mis d'accord et qu'ils s'étaient engagés - au bout d'un long processus - à défendre vient de disparaître au détriment d'un projet moins bien conçu, moins abouti et manquant sérieusement de souffle et d'ambitions.
A vrai dire la situation est, pour nous, incompréhensible.

Le rapport du jury du concours est consultable sur :
https://vdgbox.ville-geneve.ch/index.php/s/q6i9r2XS4yFogyW?path=%2F2020#pdfviewer

VI  CE QUE SIGNIFIE CE CHANGEMENT DE CAP

Le projet vient de dérailler, mais alors dérailler grave.

En effet, le changement radical de projet, résultat d'une démarche unilatérale de la Ville que la participation de quelques représentants des autres acteurs (CFF, Canton ou Collectif 500) invités dans le jury ne rend pas plus légitime - l'architecte cantonal ne pouvant en aucun cas se targuer de décider seul pour le canton, par exemple - trahit radicalement l'accord formel pris par tous.

Nous pensons que cela représente une trahison en regard des engagements pris auprès :

    • des architectes lauréats du MEP et auteurs du PDQ dont on annule de facto le projet.
    • des architectes qui ont participé au concours en essayant de respecter son cahier des charges.
    • du Canton qui s'est engagé à défendre le projet MEP, et pas un autre.
    • des CFF qui se sont engagés à défendre le projet MEP, et pas un autre.
    • du Collectif 500 qui s'est engagé à défendre le projet MEP, et pas un autre.
    • du Conseil municipal qui a voté un PDQ où figurait la façade-galerie en image et en texte, présentée comme un des éléments incontournables.
    • et ce qui est sans doute le plus grave des citoyennes et citoyens qui se sont intéressé.e.s à leur ville et à son développement, que se soit dans la phase de consultation du PDQ ou lors de la présentation du résultat du MEP organisée par le Collectif 500 en présence de fonctionnaires de la ville.

La situation est donc la suivante : là où il y avait un accord entre toutes les parties il y a aujourd'hui un désaccord grave. Le fait de ne pas respecter l'accord formel initial est la porte ouverte à toutes les dérives.
Le lien de confiance qui s'est tissé sur plus de 10 ans est aujourd'hui rompu.

VII   ET C'EST COMBIEN POUR EN ARRIVER LÀ ?

Un déraillement, ça coûte cher...

Le Collectif 500 comprend fort bien que, dans le cadre d'un remaniement urbain de l'importance de la gare Cornavin, avec tous les différents intervenants qui auront à s'y activer en plus des différents MO, il est normal que certaines études puissent être réalisées puis abandonnées malgré leur coût.
Nous avons par contre quelques peines à accepter que l'argent des contribuables, notre bien commun,  soit ainsi dilapidé en vain de manière délibérée.
De deux choses l'une, soit on (LA VILLE ?) ne voulait pas du projet lauréat et il aurait fallu arrêter les études avant, en avertir les partenaires et en discuter avec eux, puis élaborer le PDQ à l'issue du concours, soit le concours aurait dû permettre une mise au point du projet formalisé par le PDQ.  
Cela n'a pas été le cas.

Ne pas savoir, après plus de 4 ans d'études - dont un MEP, un PDQ et un concours - quels seront les revêtements des sols, si les bus et les camions pourrons passer sous la nouvelle passerelle prévue sur le passage des Alpes, s'il y a une dépose prévue pour les taxis et voitures côté Jura de la gare, où l'on peut planter des arbres, où passent les cyclistes, quels seront les revêtements de sols, etc.. est tout bonnement incompréhensible.

La situation est donc la suivante : le concours n'a en rien permis d'avancer au niveau du projet et de sa concrétisation, mais a donné un résultat moins convainquant et moins abouti que ne l'était le projet issu du MEP et formalisé dans le PDQ.
C'est donc 4 années de travail jetées à la poubelle.
Une onéreuse Bérézina conceptuelle.

VIII   ET MAINTENANT, QU'ALLONS NOUS FAIRE ?

Construire une gare et un quartier ou un barrage ?

Le Conseil administratif et l'administration de la Ville semblent vouloir faire cavalier seul et imposer leur point de vue. Ce qui risque bien de ralentir les différentes réalisations et d'en hausser les coûts finaux.
Ils en porteront la responsabilité.

Au vu de cette position nous ne participerons pas à ce qui pour nous est une imposture et nous retirons de ce qui n'est plus qu'une illusion de participation.
Nous considérons qu'il est de notre responsabilité de rendre cette position publique.
Et nous nous opposerons à tous les points qui nous paraîtrons poser problème.
Il est clair que nous n'attendons pas pour cela que ce nouveau projet soit mené au stade des autorisations et des crédits, au risque de nous entendre dire que nous arrivons trop tard une fois les études abouties, comme cela se fait actuellement à la caserne des Vernets.

Enfin, si nous défendons le projet du PDQ, c'est avec l'esprit clair, sans intérêts autres que ceux de personnes convaincues et cohérentes qui se sont engagées à défendre un projet, et qui le défendront jusqu'au bout.

La situation est donc la suivante : l'avenir de ce projet dépend entièrement de l'entêtement ou non de la Ville.
En fonction de ce choix, le Collectif 500 pourra - ou non - redevenir un partenaire dans le projet.
A défaut de le rester nous resterons fidèles à nos engagements et aux buts qui sont et ont toujours été les nôtres.

(situation fin mars 2021)


Le Collectif 500                                              
14, rue de Montbrillant
1201 Genève

Télécharger la présentation Powerpoint au format PDF du 31.3.21